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quinta-feira, novembro 30, 2006

Adoradores do diabo

Jeudi, 23 Novembre 2006
Les « adorateurs du diable » en Irak veulent des droits constitutionnels
Sammy Ketz
Spiritualités :: Alternatives religieuses
Les Yezidis pratiquent une religion préislamique que de nombreux spécialistes font remonter aux Zoroastriens de l’ancienne Perse.
Dans un temple à flanc de montagne au cœur du Kurdistan irakien, des pèlerins de la minorité yezidi viennent vénérer l’Ange Paon, également connu sous le nom de Lucifer.
Alors que l’Irak se dirige vers un nouvel ordre politique post-Saddam Hussein, les Yezidis, longtemps regardés comme des « adorateurs du diable » par les musulmans, veulent saisir cette occasion historique pour faire inscrire les droits de leur communauté dans une nouvelle communauté.
« La discrimination contre les Yezidis doit prendre fin, et nos droits politiques et religieux doivent être reconnus dans la constitution », dit le chef héréditaire de cette foi, Mil (prince) Hassem Tahsin Saïd.
Portant une chemise jaune et une cravate brune brillante, ce supposé prince des ténèbres salue les visiteurs dans sa luxueuse villa dans la campagne au nord de Mossoul avec un large sourire. Deux miliciens kurdes montent la garde à la porte.
« En tant que Kurdes et en tant que Yezidis, nous avons doublement été les victimes de Saddam Hussein », dit le chef âgé de 40 ans, qui est à la fois le chef tribal et religieux de son peuple.
Les Yezidis pratiquent une religion préislamique, dont certains pensent qu’elle fut fondée au XIIe siècle par Sheikh Oudaï ben Massafel el-Amaoui, bien que de nombreux spécialistes fassent remonter ses origines à la religion zoroastrienne de l’ancienne Perse.
Sheikh Oudaï était né à Damas mais mourut dans la ville de Lalish, à seulement 12 km de Shaikhan, où sa tombe est devenue le plus grand lieu saint des Yezidis.
La communauté est encore largement basée dans les contreforts nord de la principale ville du nord de l’Irak, Mossoul, et dans les montagnes de Sinjar sur la frontière avec la Syrie.
Mais les adeptes de cette foi de 100.000 personnes peuvent se rencontrer dans toute la diaspora kurde, dans la Syrie et la Turquie voisines ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques du Caucase.
Les Yezidis ne croient pas au ciel ou à l’enfer, et ne considèrent pas Satan comme mauvais. En fait, ils le vénèrent.
« Veuillez m’excuser, mais je ne peux pas dire ce mot (diable) à haute voix, parce qu’il est sacré. C’est le chef des anges », dit Mil Hassem.
Nous croyons en Allah (Dieu) et dans (le chef des anges) », explique-t-il.
Contrairement aux musulmans, les Yezidis peuvent manger du porc. D’un autre coté, ils n’ont pas le droit de manger de la salade et de porter la couleur bleue.
Ardents gardiens de leurs traditions, les Yezidis ne permettent pas aux étrangers de se convertir à leur religion.
La foi a six niveaux distincts d’initiation : princes, sheikhs, sénateurs, voyants, ascètes et la communauté des fidèles, qui comprend environ 70% de la population yezidi.
Le mariage interclasses est interdit.
Maintenant, les Yezidis comptent trois membres au parlement irakien, tous élus dans l’alliance kurde qui arriva en seconde position dans les élections historiques de janvier, ainsi que deux membres dans le parlement régional kurde à Arbil.
Le sort de la communauté s’était déjà amélioré à la suite de la guerre du Golfe en 1991, quand les rebelles kurdes établirent une administration autonome dans trois provinces du nord, incluant les centres yezidis de Lalish et de Shaikhan.
Mais d’après le chef de la sécurité au temple de Lalish, les Yezidis ne veulent pas risquer d’être à nouveau opprimés.
« Notre religion est enseignée dans les écoles, et depuis 1991 nous avons repris les villages d’où nous avions été chassés pendant la campagne d’arabisation de Saddam Hussein », dit Derman Racho, 52 ans.
« Maintenant nous voulons que la constitution garantisse que nous pouvons être Irakiens et Yezidis ».
Racho garde le temple de Lalish, où deux paons sculptés représentant le « chef des anges » montent la garde au-dessus de l’entrée.
Les fidèles enlèvent leurs chaussures et entrent à l’intérieur, où sept pièces de tissu de couleurs vives sont fixées aux piliers, représentant sept anges.
Au cœur de la pièce principale, hommes, femmes et enfants offrent des prières en nouant et dénouant des bandes de tissu qui recouvrent la tombe de leur père fondateur, Cheikh Oudaï.
Dans la cour, deux hommes et deux femmes vêtus de blanc, qui ont fait vœu de célibat, allument 366 lampes à huile.
« Pour ne pas oublier les âmes de nos saints et de nos prophètes », explique leur supérieur, Pil Charo, 32 ans.
La plupart des Yezidis parlent le kurmanji, le dialecte kurde le plus répandu, mais tous les Kurdes musulmans sunnites n’acceptent pas les Yezidis comme membres de leur propre groupe ethnique.
Interrogés à propos des Yezidis, plusieurs Kurdes sunnites disent qu’ils ne partageraient pas leur repas avec un Yezidi parce qu’ils considèrent cette communauté comme « impure ».
« Nos parents nous ont dit que nous pouvions manger dans la maison d’un chrétien ou d’un juif, mais pas avec eux », dit l’un des Kurdes.
notes:
Publié le 23 mai 2005 sur : middle-east-online.com